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Section Thématique 11

Regards croisés sur les catégorisations ethnoraciales : action publique et mobilisations en contextes nationaux
Perspectives on ethnic and racial categorizations : public policy and mobilizations (collective action / social movements) in national contexts

Responsables

Samina MESGARZADEH (ETT/ ENS/EHESS ; CRAPUL/IEPI, Université de Lausanne) samina.mesgarzadeh@unil.ch
Jonathan MIAZ (CRAPUL/IEPI – GSPE-PRISME, Universités de Lausanne et de Strasbourg) jonathan.miaz@unil.ch

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Les catégorisations ethnoraciales peuvent constituer un enjeu majeur dans l’analyse de l’action publique et de la forme prise par certaines mobilisations (mouvements sociaux, associations, syndicats, etc.) dans des contextes nationaux contrastés.
Les catégorisations ethnoraciales sont appréhendées en sociologie de l’action publique à partir de terrains portant sur les politiques d’immigration et d’asile dans différents pays européens (Spire, 2008; Jubany, 2011; Darley, 2010), le système de protection sociale aux USA (Lens et Cary, 2010), les caisses d’allocation familiales (Eberhard, 2001) et de travaux sur la police en France notamment (Fassin, 2011). Elles suscitent l’attention tant pour leur implication dans la construction d’un problème public que pour leur mise en œuvre. À cet égard, les auteurs observent par exemple des traitements et des décisions administratives différenciés selon les catégorisations forgées.
En sociologie des mobilisations, la question des catégorisations ethnoraciales se pose à deux niveaux. Premièrement, certains politistes s’interrogent sur les conditions de possibilité d’un cadrage « racial » des mobilisations en lien avec les contextes nationaux (Célestine, 2009) dans une approche ethnographique - boycott opposant « Afro-Américains » et « Coréens » aux USA (Kim, 2000) - ou dans un questionnement sur les transformations du contexte politique en France (Escaffré-Dublet et Simon, 2009 ; Bereni et Jaunait 2009). Deuxièmement, au prolongement des travaux américains sur l’intersectionnalité, des chercheurs s’interrogent sur le rôle des catégorisations ethnoraciales dans la construction ou la fragmentation des groupes mobilisés, un enjeu soulevé par l’émergence du féminisme noir (Dorlin, 2007).
L’objectif de cette section thématique est de décloisonner les réflexions sur les processus de catégorisations ethnoraciales à partir de questions transversales à la sociologie de l’action publique et la sociologie des mobilisations. Trois axes seront discutés :
1. Comment les catégories ethnoraciales sont-elles construites dans l’action publique et les mobilisations ? Observe-t-on des circulations, des réappropriations ou des redéfinitions de ces catégorisations dans ces différents espaces ? Du point de vue de la construction de catégories ethnoraciales, on peut penser à des processus de catégorisations liés à la construction d’un problème public impliquant agents de l’action publique et/ou groupes mobilisés. Ces catégorisations ethnoraciales peuvent être explicites (dans les politiques d’affirmative action aux USA) ou implicites (« réfugiés » (Noiriel 1997), « immigrés », « étrangers » ; autant de catégorisations qui véhiculent un certain rapport au « national »). Le rôle du droit dans ce processus constitue aussi un angle d’attaque fécond.
2. Comment les catégories ethnoraciales s’actualisent-elles sur différents terrains de l’action publique ou de mobilisations ? D’une part, on interroge la manière dont les pratiques des agents (fonctionnaires, « street-level bureaucrats » ; dirigeants, adhérents et bénéficiaires d’associations, porte-paroles, militants et sympathisants de mouvements sociaux) et les interactions (p. ex : interaction entre un fonctionnaire et un usager ou d’un permanent juridique avec un travailleur) participent à la construction ou à la redéfinition de ces catégorisations. D’autre part, à partir d’enquêtes de terrain, on interroge ce que ces catégorisations « font » à l’action publique - dans les relations de guichet (Spire, 2008 ; Eberhard, 2001), dans le travail quotidien des « street-level bureaucrats » (Lipsky, 2010) - et aux mobilisations - divisions ethnoraciales au sein des collectifs et leurs transformations dans le cours des mobilisations (Chauvin, 2009) ; concurrence entre causes (p. ex entre lutte syndicale et droit des immigrés et sans-papiers (Plein droit, 2011). Enfin, on peut se demander dans quelle mesure les catégorisations ethnoraciales structurent les prises de rôle et les manières de les tenir dans les institutions et les mouvements sociaux.
3. Un dernier axe portera sur les questions méthodologiques et épistémologiques soulevées par l’observation et l’écriture sur les catégorisations ethnoraciales. Qu’observe-t-on concrètement ? En quoi nos propres catégories et shèmes de perception influent-ils sur le repérage des catégorisations sur le terrain ? Comment passer des catégorisations observées à l’écriture (Mazouz, 2008)?
Les contributions peuvent s’inscrire dans l’un de ces axes ou en aborder plusieurs de manière transversale. Afin de favoriser la comparaison entre sous-disciplines et contextes nationaux, les papiers ancrés dans des enquêtes de terrain précises seront privilégiées.

Ethnic and racial categorizations are key issues for analyzing both public policy and kinds of mobilizations (social movements, associations, trade unions, etc.) in various national contexts.
In political sociology, ethnic and racial categorizations are approached from different angles, for instance, immigration, asylum and welfare policies, and the police. Paying attention to administrative treatments and decisions in relation to different constructed categorizations may help scholars to understand the construction of public problems as well as the implentation of public policies.
In the sociological study of mobilizations, ethnic and racial categorizations are examined at two levels. First, some scholars question the conditions of possibility of a “racial” framing of the mobilizations related to national contexts in an ethnographic approach. Secondly, following american studies on intersectionality, some scholars question the role played by ethnic and racial categorizations in the construction or division of mobilized groups, an issue already addressed by black feminism.
The goal of this interdisciplinary panel is to decompartmentalize reflexions on the process of ethnic and racial categorizations by viewing them from the angles of policy sociology and sociology of mobilizations. Our discussion is centred on three lines of enquiry:
1.     How are ethnic and racial categories constructed in public policy and mobilizations? Are circulations, re-appropriations or redefinitions of these categorizations observed in different fields?
2.     How are these ethnic and racial categories implemented in different fields of public policy and how do they shape mobilizations? On the one hand, we will question the way in which the agents’ practices and their interactions participate to the construction or the re-definition of these categorizations. On the other hand, a reflexion rooted in different fieldworks concerns the way in which these categorizations shape public policy – in face-to-face encounters, in the daily work of the “street-level bureaucrats” (Lipsky, 2010) – and shape mobilizations – by changing ethnic and racial divisions within the collectives in the course of the mobilization or by competing causes, for instance. Finally, we will ask ourselves to what extent the ethnic and racial categorizations structure/shape the “role-takings” and the manners to enact the roles (Goffman, 1959) in institutions and social movements.
3.     Finally, we will examine the methodological and epistemological issues raised by writings on ethnic and racial categorizations. What do we observe? How do our perceptions influence the identification of categorizations in the field? How to get from the observed categorizations to their written description?



Bibliographie sélective

Bereni, Laure et Alexandre Jaunait, « Usages de la diversité (Editorial) », Raisons politiques, 35, 2009, pp. 5-10.
Brotherton, David C. et Kretsedemas, Philip (eds.), Keeping Out The Other. A Critical Introduction to Immigration Enforcement Today, New York, Columbia University Press, 2008.
Célestine, Audrey, Mobilisations collectives et construction identitaire. Le cas des Antillais en France et des Portoricains aux Etats-Unis, Thèse de science politique sous la direction de Denis Lacorne, IEP-Paris, 27 novembre 2009.
Chauvin, Sébastien, « The Political Ethnography of Critical Processes : Describing Disruption in a Multiethnic Labour Group », Ethnographeast IV Conference, Leiden, The Netherlands, June 25-27.
Darley, Mathilde, « Le pouvoir de la norme. La production du jugement et son contournement dans les lieux d'enfermement des étrangers », Déviance et Société, n° 34, 2010, pp. 229-239.
Dorlin, Elsa, Black Feminism. Anthologie du féminisme africain-américain. 1975-2000, Paris, L’Harmattan, 2007.
Eberhard, Mireille, « Catégorisations ethnico-raciales au guichet », Cahiers du Cériem, n° 8 déc. 2001.
Escaffré-Dublet, Angéline et Patrick Simon, « Représenter la diversité en politique : une reformulation de la différence et de l’égalité par la doxa républicaine », Raisons politiques, 35, 2009, pp. 125-142.
Fassin, Didier, La force de l'ordre. Une anthropologie de la police des quartiers, Paris: Editions du Seuil, 2011.
Jubany, Olga, « Constructing truths in a culture of disbelief: Understanding asylum screening from within », International Sociology, n° 26, 2011, pp. 74-94.
Kim, Claire, Jean, Bitter Fruit: The Politics of Black-Korean Conflict in New York City, New Haven, CT, Yale University Press, 2000.
Lens, Vicky et Colleen Cary, « Negotiating the discourse of race within the United States welfare system », Ethnic and Racial Studies, n° 33, 2010, pp. 1032-1048.
Lipsky, Michael, Street-Level Bureaucracy. Dilemmas of The Individual in Public Services, New-York, Russell Sage Foundation, 2010 (1980)
Mazouz, Sarah, « Les mots pour le dire. La qualification raciale de l’enquête de terrain à l’écriture », in Fassin, Didier, Bensa, Alban, Les politiques de l’enquête. Epreuves ethnographiques, Paris : Bibliothèque de l’Iris, coll. Recherche, 2008, p. 81-98.
Noiriel, Gérard, « Représentations nationale et catégories sociales. L’exemple des réfugiers politiques », Genèses, Année 1997, Volume 26, Numéro 1, pp. 25-54.
Palidda, Salvatore (ed.), Racial Criminalization of Migrants in the 21st Century, Farnham, Ashgate Pulblishing Ltd., 2011.
“Etrangers, syndicats: “Tous ensemble”?”, Plein droit, n°89, 2011.
Spire, Alexis, Accueillir ou reconduire. Enquête sur les guichets de l'immigration. Paris: Raisons d'agir, 2008.
Spire, Alexis, Etrangers à la carte. L'administration de l'immigration en France (1945-1975), Paris: Editions Grasset & Fasquelle, 2005.
Wacquant, Loïc, « For an analytic of racial domination », Political Power and Social Theory, 11, 1997, pp. 221-234.
Wimmer, Andreas, « The Making and Unmaking of Ethnic Boundaries : A Multilevel Process Theory », American Journal of Sociology, 113, 4, 2008, pp. 970-1022.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 2 : 10 juillet 2013 14h-16h45
Session 3 : 11 juillet 2013 15h15-18h

Voir planning général...

Lieu : Batiment B (56 rue des Saints-Pères), salle B402


Programme

Axe 1 / Catégorisations ethnoraciales et mobilisations en contextes nationaux

Discutant : Nicolas Jounin (URMIS, Université Paris-VIII)

Discutant : Olivier Fillieule (CRAPUL/IEPI, Université de Lausanne)

Axe 2 / Catégorisations ethnoraciales et action publique en contextes nationaux

Discutant : Alexis Spire (CNRS-CERAPS, Université Lille Nord de France)

Discutant : Patrick Simon (Unité Migrations Internationales et Minorités, INED ; CEE, Sciences Po)


Résumés des contributions

Axe 1 / Catégorisations ethnoraciales et mobilisations en contextes nationaux

Renaud Hourcade (CRAPE-CNRS, Institut d’Etudes Politiques de Renne)s

La mémoire de l’esclavage en France : un instrument de reconnaissance d’une minorité ?
 
Etudiant le cas de la mémoire de l’esclavage, cette communication défend la thèse selon laquelle  les politiques de mémoire sont devenues le terrain d’élection d’une politique de reconnaissance tournée vers certaines minorités ethno-raciales, et ouvrent ainsi une brèche relative dans le modèle républicain traditionnel. Ce processus suppose cependant un certain nombre de contraintes, de limites, de rapports de force, que nous proposons d’analyser. A partir d’une étude de cas menée dans les anciens ports négriers, nous soulignons la souplesse des catégories d’identification qui accompagnent la justification d’une nouvelle mémoire de l’esclavage, tant du côté des acteurs mobilisés que des propositions de politique publique. Race, ethnicité, appartenance locale et nationale s’entrecroisent en dessinant un espace de négociation, dans lequel l’affirmation de catégories minoritaires progresse, et parvient parfois à s’ouvrir des formes de reconnaissance symbolique incarnées dans le nouveau régime de mémoire. Mais ces recompositions restent néanmoins soumises à des tensions entre acteurs, à une forme de flou revendicatif, et surtout à un fort pouvoir de sanction politique qui aboutit à maintenir l’essentiel du modèle républicain traditionnel. La mémoire construite reste polysémique, ouverte à la différence identitaire tout en limitant sa portée politique, et entre ainsi en résonance avec les attributs du paradigme de la « diversité » à la française.
 
The New Public Memory of Slavery in France and the recognition of a Black Minority

In the recent years, the public memory of slavery has emerged as an important field of political debate and public policies in France. This papers sets out an interpretation model to explain this situation. Relying mainly on the results of a field study in Nantes and Bordeaux, two former slave trade ports, I argue that the new frames of public memory serve as policy instruments for the recognition of France black minority. In this respect, new memory movements and memory policies tend to challenge the traditional republican model that has long defined political attitudes with regards to identities. However, a range of limits and contradictory influences temper any deep evolution of the model, which consequently maintains its core values. The paper analyses the negotiation processes that set the new frames for the memory of slavery, showing that there is not a unique identity category involved. Race, ethnicity, national and local belonging are intertwined in the memory claiming process, and in some cases compete for legitimacy. Nevertheless, the policy output often gives way to a recognition of ethnic and racial minority, whether the Black minority (defined by racism) or the cultural minority formed by the “slave-descendants”. This recognition, however, is offered through the ideological language of “diversity”, one that takes into account cultural difference and racial prejudice, but doesn’t involve a differential  treatment of minority groups.


Samina Mesgarzadeh (CMH, ENS/EHESS, IEPI, Université de Lausanne)

Des « entrepreneurs » et « cadres » aux origines nationales communes aux « élites » racialisées : une analyse diachronique des catégorisations mobilisées par les associations d’élites issues des minorités ethoraciales en France
 
Alors que le contexte politique français est réputé défavorable aux mobilisations adoptant un cadrage ethnique ou racial, une offre associative ciblée sur les « élites » socio-économiques issues des minorités ethnoraciales se développe depuis une trentaine d’années dans les principaux centres économiques urbains et zones d’immigration en France (Ile-de-France, région Lyonnaise et Provence-Côte d’Azur). Jusque dans les années 2000, cette offre associative était subdivisée en deux cibles : des « entrepreneurs » et des « cadres » respectivement regroupés autour d’une origine nationale commune. Dans les années 2000, l’offre associative se développe par des associations qui regroupent ces deux cibles sous le label d’ « élites » et élargissent les cadrages au-delà des origines nationales (« Noir », « musulman », « diversité » etc.). Quelles sont les catégorisations socio-professionnelles et ethnoraciales mobilisées par ces associations pour définir leur cible ? Dans quelle mesure ces catégorisations permettent-elles d’accéder à des scènes de représentations ? Et comment les dirigeants de ces associations rendent-ils ces catégorisations acceptables ?
 L’objectif de cette communication est de comprendre comment durant les années 2000 est apparue une catégorisation « raciale » explicite ou euphémisée (autour de la religion, autour du référentiel « Noir », autour de la « diversité »). Pour répondre à ce questionnement, j’analyse de manière diachronique l’offre d’engagement ciblée sur les « élites » socio-économiques des minorités ethnoraciales à partir d’entretiens avec leurs fondateurs et de sources documentaires produites par les organisations. La transformation des catégorisations mobilisées est mise en relation avec plusieurs éléments : les objectifs visés par ces associations ; la demande sociale émanant de différents champs sociaux (économique, scolaire, médiatique) ; les réseaux politiques dont disposent ces associations ; enfin, le contexte socio-politique dans lequel ces associations agissent et qu’elles contribuent à redéfinir.
 
From “entrepreneurs” and “executives” with a Shared National Origin to “racialized elites : A Diachronic Analysis of the Categorizations Mobilized by Racialized Elites Associations in France.
 
Although mobilizations with an ethnic or racial framing are frowned upon in French politics, a variety of associations focused on the socio-economic “elites” from ethnoracial minorities has developed during the thirty last years in the main urban economic centers and immigration areas of France (Île-de-France, Lyons and Provence-Côte d’Azur). Until the 2000s, these associations targeted two groups: “entrepreneurs” and “executives” sharing the same national origins. From the 2000s onwards, there is an increasing number of associations that bring together these two targets under the “elites” label and extend the framing beyond national origins (“Blacks,” “muslims,” “diversity,” etc.). Which socio-professionnal and ethnoracial categorizations do these associations mobilize to define their public? To what extent do these categorizations enable them to reach representation? And finally, how to the leaders of these associations make these categorizations acceptable?
The goal of my talk is to understand how an explicit or euphemized racial categorization raised tuding the 2000’s. To answer this question, I analyze in a diachronic way the supply of association targeting the socio-economic “elites” of ethnoracial minorities through interviews with their founding members and documentary sources made available by these organizations. The transformation of the mobilized categorizations is put into relation with several issues : the objectives targeted by the associations; the social demand emerging from different social fields (economic, educationnal, the media); these associations’ political networks; finally, the socio-political context in which these associations play and which they contribute to redefine
.

 
 
Guénolé Marchadour (Université Lumière Lyon 2)

Une observation mutlisituée des catégorisations ethnoraciales dans le Japon contemporain. La catégorie Nikkei dans les mobilisations de migrant.e.s brésilien.ne.s
 
La communication vise à montrer l’intérêt méthodologique d’un dispositif d’observation multisitué pour appréhender la catégorie Nikkei (descendant-e de Japonais). Celle-ci est couramment utilisée pour désigner les immigrant-e-s brésilien-ne-s dans le Japon contemporain. Depuis la réforme de la loi de l’immigration de 1990, cette catégorisation ethnoraciale est mobilisée par une pluralité d’agents sociaux qui interagissent en particulier au sein de l’appareil d’Etat et sur le marché du travail. Le dispositif met en lumière une reproduction composite de la catégorisation en explorant trois sites de mobilisation des migrant-e-s entre 2000 et 2010 : les écoles brésiliennes, les syndicats et les associations locales. Deux types de matériaux qualitatifs ont été recueillis pour une thèse de science politique. Une enquête ethnographique et environ soixante entretiens approfondis en Portugais et en Japonais ont été réalisés sur les trois sites.
Suivant une approche intersectionnelle des rapports sociaux, l’enquête rend compte de plusieurs recompositions de la catégorie Nikkei et montre que des catégorisations ethnoraciales concurrentes ont émergé de façon variable selon les sites. L’auto-identification de Brésilien-ne, transversale aux trois mobilisations, est fortement investie dans les associations. Dans les syndicats, la catégorie de mestiço est articulée avec la figure de certains hommes d’origine populaire. Dans les écoles, les enseignantes qui ont épousé des Brésiliens d’ascendance japonaise incarnent enfin une catégorie de Brésilien-ne non descendant-e de Japonais.
 
A mutisited observation of ethnoracial categorizations in contemporary Japan. The category Nikkei in the mobilizations of Brazilian migrants.

The paper aims at pointing out the methodological advantage of using a multisited observation method to catch the category Nikkei (Japanese descent). This one is generally used for naming Brazilian migrants in contemporary Japan. Since the revision of the Immigration Control Act of 1990, the ethnoracial categorization is employed by a diversity of social agents, who interact in particular within the State and on the labor market. The method highlights a heterogeneous reproduction of the categorization through examining three sites of mobilization of the migrants between 2000 and 2010 : ethnic schools, trade unions and grassroots organizations. Two kinds of qualitative materials were collected for a PhD dissertation in political science. An ethnographic fieldwork and around sixty in-depth interviews in Portuguese and in Japanese were made in the three sites.
Following an intersectional approach of the social relations, the fieldwork leads to notice several reconstructions of the category Nikkei and points out some rival ethnoracial categorizations which can vary depending on the site. The self-identification of Brazilian, which is crossing the three mobilizations, is more acute in the grassroots organizations. In the trade unions, the category of mestiço is connected with the character of some men from a working-class background. In the schools, the female teachers who married Brazilian citizens of Japanese descent finally embody a category of Brazilian citizens of non-descent Japanese.

 

Pauline Delage (IRIS/EHESS)

Penser et dire les différences entre femmes : Comparaison des catégories ethnoraciales dans les centres pour femmes victimes de violence conjugales en France et aux Etats-Unis.

En France et aux Etats-Unis, les violences conjugales sont présentées comme un problème qui traverse les groupes sociaux et ethnoraciaux, tant par les groupes féministes que dans le monde académique. Pourtant le phénomène de transversalité du problème des violences est décrit de manière différente dans les deux pays : alors qu'en France il renvoie à un rapport d'équivalence entre différents groupes, aux Etats-Unis, elle n'induit pas nécessairement de symétrie, les enquêtes différenciant les taux de violences selon les groupes ethnoraciaux. En mettant en relief deux registres de catégorisation des femmes, la comparaison souligne le fait que les actrices françaises ne sont pas aveugles aux différences ethnoraciales, mais elle suggère plutôt un manque de catégories institutionnelles pour penser et dire ces différences. Et parallèlement, aux Etats-Unis, la culture est mobilisée pour expliquer les différences de besoins et de vécus des femmes victimes.
Après avoir décrit les catégories mobilisées dans les pratiques des actrices des associations, cette communication s'attachera à analyser la manière dont elles sont produites dans ces deux contextes nationaux pour comprendre ce que leurs usages révèlent de la prise en compte des différences entre femmes dans les associations féministes.

Thinking and telling differences between women : how French and American feminists use racial categories in domestic violence shelters

In France and in the United States, domestic violence is perceived, both by feminist groups and in the academic sphere, as a transversal problem, transcending racial and social boundaries. However, these actors describe social and racial transversality differently: although in France all groups are supposed to be equally affected by domestic violence, in the United States, social surveys and advocates differentiate groups according to their race based on the principle that there is no symmetry between groups. By highlighting the different ways women are categorized, this trans-Atlantic comparison shows that French workers in domestic violence shelters are not color-blind, but rather that they lack institutional categories to think about and articulate these differences. In the United States, however, culture is used to explain differences in survivors' needs and lifestyles.
After describing the categories used by workers in these non-profits, my presentation will analyze the national contexts that produce these categories in order to better understand how differences between women are dealt with in feminist organizations.

 
Soline Laplanche-Servigne (Université François Rabelais de Tours / CEE-Sciences Po)

Catégorisations ethnoraciales et rapport au national : une comparaison franco-allemande de mobilisations de « victimes racisées »
 
Cette communication propose d’explorer la façon dont le répertoire d’actions collectives de différents groupes mobilisés en tant que « racisés », en France et en Allemagne, peut être analysée à la lumière des politiques publiques menées par l’Etat à destination de ces populations.
Elle montrera comment différents mouvements constituent des identités collectives « racisées »  (« Noirs de France », « Afro-Allemands », « Indigènes », « Kanakes ») et comment le contexte historique et d’opportunités politiques de chaque pays modèle de manière distincte les collectifs – du point de vue des auto-dénominations et des modes d’organisation du groupe.
La comparaison franco-allemande permet de mettre en lumière une forme d’interdépendance entre l’usage des catégorisations ethnoraciales par les racisés mobilisés, leur répertoire d’actions et les politiques publiques qui visent ces populations. Les politiques « multiculturelles » mises en œuvre en Allemagne à partir des années 1980 permettent d’expliquer que les militants allemands développent un répertoire d’actions à dimension culturelle. En France, certains collectifs de racisés vont eux inscrire leur répertoire d’actions dans les pas des politiques antidiscriminatoires de l’Union Européenne ou investir le cadre des politiques mémorielles et de reconnaissance des victimes mises en œuvre depuis les années 2000.
 
Ethnoracial categorisations and the national context: a Franco-German comparison of the mobilizations of "racialized victims"

This presentation explores the relationship between the repertory of collective actions of different groups of activists mobilised as “racialised” people, in France and in Germany, and the public policies of the state towards those populations.
It shows the way in which “racialised” collective identities are constructed by different movements (“Black people of France”, “Afro-German”, “Indigenous”, “Kanaks”) and how the historical context and the political opportunity structures of each country shape the groups in different ways.
The French-german comparison will highlight the interdependence between the use of ethnoracial categorisations by the racialised activists, their repertory of collective actions and the public policies towards those populations.
The “multicultural” policies implemented in the 1980s and 1990s in Germany partly explain why the mobilisations of “racialised” people developed a repertory of collective actions with a  cultural dimension. Conversely, in France certain groups of “racialised” people have framed their repertory of actions around the “politics of memory” and the political recognition of the victims in the 2000s.

 

Audrey Celestine (Université Lille 3 Charles-de-Gaulle, ISP-Nanterre), Kathryn Dahou (Department of Politics and International Relations, Nuffield College, University of Oxford)

Trajectoires des identifications ethno-raciales et remise en cause des modèles nationaux : une comparaison franco-britannique
 
Plusieurs travaux ont permis un travail de clarification utile pour une étude fine des processus identitaires, notamment dans le cadre des mobilisations collectives (Avanza et Laferté, 2005 ; Bail et Lamont, 2005 ; Cohen 1985). Elles permettent, notamment, de mettre au jour la multiplicité des acteurs intervenant dans la production d’identités collectives. Les identités ne sont pas envisagées comme uniquement imposées «par le haut» mais sont aussi définies par les interactions avec les individus et les groupes intermédiaires tels que les groupes mobilisés. Il s’agit, dans cette communication, de saisir les catégorisations ethno-raciales à partir de la réappropriation de celles-ci par les collectifs mobilisés et dans les discours politiques de populations minoritaires en France et au Royaume-Uni. Nous proposons dans le cadre de cette communication d’analyser leur réinvestissement à deux niveaux. D’une part, il s’agit de comprendre la manière dont, à un niveau meso, des acteurs collectifs mobilisés se saisissent et réinvestissent à la fois les catégorisations ethno-raciales et les discours autour du « modèle national » d’incorporation des migrants. D’autre part, les auteurs s’attacheront à envisager comment les individus, à un niveau micro, envisagent à la fois ces catégorisations et le « récit national » autour de l’intégration, le multiculturalisme et l’incorporation. Dans le cas français, l’étude portera principalement sur les populations originaires de l’Outre-Mer en France hexagonale et sur de jeunes britanniques d’origine nigériane en Grande-Bretagne.
 
The trajectories of ethno-racial identifications : challenging national models through the comparison of France and Great Britain
 
Several scholarly works have clarified the concept of « identity », allowing for a precise analysis of identity-building processes, including in social movements (Avanza et Laferté, 2005 ; Bail et Lamont, 2005 ; Cohen 1985). Among these clarifications is the idea that identities aren’t just imposed from above, in a top-down process. They are also defined through the interactions between individuals and meso-level groups such as mobilized groups. In this paper, we seek to analyse ethno-racial categorizations through their uses and reappropriations by mobilized groups and in political discourses in France and in Great-Britain. Two levels of analysis will be favoured. First, we’ll see how mobilized groups tend to use and appropriate ethno-racial labels and discourses around the « national model » of incorporation of migrants. Then, we’ll see how individuals view these categorizations and the « national narratives » around incorporation, multiculturalism and integration. The paper will focus on people from the french overseas territories in France and people of nigerian descent.


Axe 2 / Catégorisations ethnoraciales et action publique en contextes nationaux

Camille Hamidi, Laurent Lardeux, Thibault Rioufreyt, Valérie Sala Pala (Université de Lyon (Université Lyon 2, Université Jean Monnet de Saint-Etienne), Laboratoire Triangle (UMR CNRS 5206)

Une ethnicisation de la société française ? Le cas des politiques urbaines et des mobilisations sociales à Vaulx-en-Velin depuis les années 1960
Dans quelle mesure peut-on parler d’une ethnicisation de la société française ? Cette question est au fondement de notre recherche en cours dans le cadre du projet ANR REANALYSE. En vue d’y répondre, nous cherchons à répertorier les enquêtes qualitatives menées sur Vaulx-en-Velin depuis les années 1960 et à en effectuer une analyse secondaire. A travers cette réanalyse, il s’agit de voir s’il est possible de repérer des processus d’ethnicisation, à la fois des politiques urbaines (plus particulièrement des politiques de logement, habitat et peuplement), et des formes de mobilisation des habitants dans les quartiers populaires. Notre communication se déclinera en deux volets principaux :
1) Une analyse des évolutions des usages des catégories ethnoraciales, qui correspond aux axes 1 et 2 de l'appel à communication
2) Un volet méthodologique et épistémologique, qui correspond à l'axe 3 de l'appel à communication. La réanalyse d'enquêtes menées par d'autres chercheurs doit nous permettre de comprendre, d’une part comment les sciences sociales françaises se sont peu à peu intéressées à la dimension ethnique des relations sociales sur notre terrain, et d’autre part comment les catégories « savantes » et les catégories « ordinaires » interagissent, en appréhendant ainsi le rôle performatif des sciences sociales en la matière.

An ethnicization of the French society ? A study of urban policies and social mobilizations in Vaulx-en-Velin since the 1960s.

To what extent is it relevant to assume an ethnicization of the French society? This is the question underlying a research that we are developing within the ANR Project REANALYSE. Our aim is to inventory qualitative studies in social sciences developed on the city of Vaulx-en-Velin, in order to make a secondary analysis of some of them. Through this reanalysis, we will wonder if it is possible to identify ethnicization processes of urban policies (especially housing policies) and of mobilizations of inhabitants in deprived neighbourhoods. Our paper will deal with two main aspects:
1) We will analyze the main changes in the ways in which ethnic categories are mobilized by social actors (actors of public/urban policies or inhabitants) (parts 1 and 2 of the call for papers).
2) We will also raise methodological and epistemological issues (part 3 of the call for papers), since the reanalysis of existing studies should allow us to understand, firstly how social sciences in the French context have progressively been interested in the ethnic dimension of social relations, and secondly how scientific categories and ordinary categories interact, in order to grasp the potentially performative role of social sciences.


Elise Lemercier et Elise Palomares (Université de Rouen, DySoLa (Dynamiques Sociales et Langagières), EA 4701)

Petits accommodements entre acteurs locaux de la lutte contre les discriminations et la disparition de la « question raciale »

A partir d’une enquête ethnographique réalisée en Haute-Normandie, notre travail de recherche interroge comment les catégorisations ethnoraciales s’actualisent dans les actions publiques locales de lutte contre les discriminations en examinant les actions entreprises localement par l’Etat, les collectivités territoriales et le secteur associatif. Cette actualisation est abordée sous deux angles : le premier examine le traitement de la « question raciale » et le second restitue la manière dont les associations porteuses de voix minoritaires s’en accomodent. Ce faisant, cette communication revient une énigme : au regard de la généalogie de la politique dite de lutte contre les discriminations en France et en Europe, comment expliquer la quasi-disparition de la « question raciale » dans les actions locales de lutte contre les discriminations ? Elle met en lumière le double processus de déliaison entre racisme et discrimination et de dilution dans la question sociale concourant à la quasi-disparition de la « question raciale ». Les associations porteurs de voix minoritaires mobilisées dans la lutte contre les discriminations s’accomodent en partie de ce processus en fabriquant  des actions de proximité basées sur la convivialité tout en évoquant « en sourdine » le racisme en coulisse.

The ‘little’ arrangements between actors of local policies against discrimination : how the « racial question » disappeared

This research is based on fieldwork conducted in Haute-Normandie. It questions how ethno-racial categories are taken up / actualised in local public policies against discrimination. This  actualisation is analyzed from two perspectives : one examines the treatment of the « racial question » by local actors (state, local authorities and associations)  and the second highlights how minority voices  put up with it. By doing so, this paper deals with a sociological enigma: regarding the genealogy of public policies against discrimination in Europe and specifically in France, how comes that the « racial question » is fading out in local public policies? This paper highlights the process by which racism and discrimination come apart on the one hand and on the other hand the dilution of racism in the « social question ». Minority voices put up with this process by developing strategies of proximity based on conviviality while evoking racism mezzo-voce in the « hidden transcript » that goes on offstage.


Mireille Eberhard (Unité de recherche migrations et société (URMIS), Université Paris-Diderot)

Lutter contre les discriminations dans la fonction publique territoriale : paradoxes d’une mise en œuvre
 
Cette communication aborde la mise en œuvre de la lutte contre les discriminations dans le cadre de la fonction publique territoriale. Elle repose sur une série d’entretiens effectués dans plusieurs collectivités qui ont en commun d’avoir adopté une charte de la diversité.
Mon approche s’intéresse à l’appropriation de ce paradigme d’action publique par les acteurs impliqués dans son déploiement (personnels des ressources humaines, agents ayant des responsabilités d’encadrement ou de management). Elle interroge les processus institutionnels de production et de gestion des catégories de l’altérité, dans une fonction publique française associée aux principes d’égalité et de neutralité.
Ces entretiens illustrent un paradoxe proprement français. Alors que le credo républicain est volontairement aveugle à la couleur, la mise en œuvre concrète de ces dispositifs antidiscriminatoires incite justement les acteurs à considérer l’inscription de ces catégories ethnico-raciales dans leurs propres pratiques et les effets potentiels qu’elles peuvent avoir sur leurs décisions.
Parce qu’elle suppose une interprétation, une représentation et une explication des dynamiques raciales, la lutte contre les discriminations constitue une modalité particulière de « formation raciale » (Omi et Winant, 1996). Son déploiement n’est pas sans contradiction avec la grammaire universaliste républicaine dont sont empreints les fonctionnaires territoriaux rencontrés.
 
Fight against discriminations in territorial public service : Paradoxes of an implementation
 
This communication broaches the implementation of « anti-discriminatory practices » in territorial public service. It is based on a series of interviews made in several local authorities that have in common to have adopted a charter of the diversity.
My approach looks for the appropriation of this paradigm of public action by the actors involved in its deployment (staffs of human resources department, agents having responsibilities of supervision or management). It broaches institutional processes of production and management of categories of otherness, in a French public service associated with the principles of equality and neutrality.
These interviews illustrate a truly French paradox. While the republican creed is voluntarily colorblind, taking action to combat discrimination leads the actors to consider racialisation of their own practices. Racial categories are indeed produced by their practices and can have consequences on their decisions. Because non-discriminatory policies imply an interpretation, representation, or explanation of racial dynamics, it constitutes a kind of « racial formation » (Omi, Winant 1986). Its implementation can be contradictory with the fact that local officials are imbued with the universalist republican grammar.


Marine Bourgeois (CEE/Sciences Po)

La mise en œuvre des politiques d’attribution des logements sociaux au prisme des catégorisations ethnoraciales. Une enquête ethnographique au guichet des organismes HLM.
 
Cette communication s’intéresse à la manière dont les catégorisations ethnoraciales s’élaborent au guichet du logement social. Elle cherche, en outre, à identifier leurs effets sur les pratiques concrètes des agents, et à éclairer la construction de discriminations dans l’accès au parc social. Partageant le postulat de la Street-level bureaucracy selon lequel les agents de terrain disposent de marges de manœuvres suffisantes pour peser sur la mise en œuvre de l’action publique, nous nous appuyons sur les résultats d’une enquête ethnographique réalisée auprès d’agents HLM dans deux agglomérations contrastées. A partir de l’observation des pratiques de tri et de sélection des Street-level bureaucrats et de l’analyse des discours tenus sur les clients, nous examinons la place et le rôle des catégories ethnoraciales dans le travail concret d’attribution. Nous montrons qu’elles ne sont pas mobilisées par tous, ni partout; et qu’elles ne débouchent pas systématiquement sur des pratiques discriminatoires. L’objectif de la communication est alors double : d’une part, voir à quels moments et pour quelles raisons les professionnels recourent aux catégories ethnoraciales, et d’autre part, interroger l’articulation entre ces représentations et les pratiques quotidiennes des organismes. Plusieurs facteurs sont examinés: l’influence des contraintes politiques et organisationnelles, et des propriétés sociales des individus. Finalement, cette communication vise à nuancer la thèse défendue par certains d’une prégnance du critère ethnique dans la gestion des HLM.

 Study of the implementation of social housing awarding policies through ethnoracial categorisations. An ethnographic inquiry in social housing box office.

This presentation focuses on the way ethnoracial categorisations formulate themselves at the social housing box offices. Moreover, I will try to identify their effects on individuals’ concrete practices and lighten the process of discrimination regarding the access possibilities to social housing. Thanks to the premise of the Street-level bureaucracy which I rely on - and according to which the individuals on the field are able to play an active role on the determination of public policy - the results are based on an ethnographic study achieved among administrative officers of social housing in two contrasting urban areas. From the observation of the sorting and selecting practices by the Street-level bureaucrats and from the analysis of the speeches hold toward clients, I take a close look at the place and the role of the ethnoracial categories in the actual work of awarding. I aim to show that they are not called up the same way according the persons or the situations, and that discriminatory practices are not consistently the result of such categorisations. Thus, I can set a double goal. On one hand, I need to identify precisely the moments where and the reasons why the professionals call up such categories. On the other hands, I shall question the combination of these representations and the daily organisational practices. Several factors are passed under scrutiny, as such as the influence of political and organisational constraints or the social characteristics of the individuals. Finally, this presentation aims to qualify the thesis according to which the ethnical criterion is the major one within social housing management.


Jérémie Gauthier (Centre Marc Bloch de Berlin)

Origines contrôlées. La police à l’épreuve de la question minoritaire à Paris et à Berlin

À partir d’enquêtes ethnographiques réalisées dans des circonscriptions de police considérées comme « sensibles » en région parisienne et à Berlin, cette communication analysera l’articulation entre action policière et question minoritaire, c’est-à-dire la manière par laquelle les policiers définissent et mettent en œuvre des catégories de classement articulées autour de la nationalité, de la culture, de l’origine, de l’apparence ou encore de la religion des personnes qu’ils rencontrent. Je montrerai en quoi ces catégories contribuent à cadrer l’action policière et posent problème aux policiers dans la définition de leur identité professionnelle. On montrera tout d’abord que l’expérience professionnelle policière génère des formes de problématisation de la question minoritaire qui ne prennent pas toujours des formes racistes et radicales, mais qui finissent souvent par s’imposer aux policiers eux-mêmes issus de l’immigration. On proposera ensuite un modèle d’interprétation de l’articulation entre cette « tentation raciste » et les pratiques policières discriminatoires. Dans le cas français, la valorisation des pratiques de contrôle et de recherche proactive d’infractions incite les policiers à utiliser la couleur de peau, l’apparence ou encore l’origine comme catégories d’action. Dans le cas berlinois, la mise à distance des pratiques de contrôle, la politique de prévention et d’« ouverture interculturelle » impliquent que les formes d’assignation identitaire sont pour partie neutralisées et pour partie étayées par une politique institutionnelle articulée sur la « culture » supposée des personnes issues de l’immigration. A travers l’articulation entre action policière et question minoritaire, ce sont alors deux formes différentes de contrôle social qui se dessinent en France et en Allemagne.
 
Background Check. Police and minorities in Paris and Berlin

On the basis of ethnographic surveys conducted in police stations in Paris and Berlin, we propose to analyze the relationship between policing and the “minority question”, that is to say the ways in which police officers define and implement categories based on the nationality, culture, origin, appearance, or religion of the people they meet. Through extensive interviews and observation of police work in territories considered "sensitive" in France and Germany, we have shown how these categories frame the representations and the action of the police. By adopting a sociologically comprehensive perspective and broadening the focus of the analysis, we put the issue of police racism and discrimination in the widest economy of police practices and representations. The comparative approach has revealed that the relationship between policing and the minorities depends on the professional standards, on urban and social contexts as well as on the institutional policies in which policing operates. We show how differences in the roles assigned to the police in Berlin and Paris contribute to defining the relationship between officers “on the beat” and minority populations. Behind the articulation between policing and the “minority question” appears two different forms of social control in France and Germany.

Dorothée Prud’homme (IEP Bordeaux)

Catégorisation ethnoraciale et frontières morales à l’hôpital : le cas des patients « roms »
 
De récents travaux constatent la saillance accrue des catégorisations ethnoraciales dans les interactions sociales se déroulant au sein d’institutions publiques françaises. Malgré l’omniprésence d’une éthique fondée sur l’égalité de traitement et l’universalisme, le domaine hospitalier ne fait pas exception en la matière. Les agents hospitaliers procèdent quotidiennement à une catégorisation informelle des patients selon des critères ethnoraciaux. Les groupes ainsi dessinés sont ensuite évalués au regard de standards moraux mêlant valeurs personnelles et valeurs professionnelles avec pour résultat de distinguer entre « bons » patients et « mauvais » patients. Parmi ces groupes, les Roms sont systématiquement désignés comme le groupe le plus éloigné de l’institution, les « pires », les plus « ingérables », et ce, en raison de leurs caractéristiques « culturelles » ou « ethniques ».
Cette contribution se propose d’étudier, à travers la parole des agents du service public hospitalier (médicaux, paramédicaux et administratifs), la naissance de la catégorie ethnoraciale « rom » et de clarifier le processus par lequel les enquêtés s’approprient cette catégorie et l’intègrent à leur pratique professionnelle. Pour ce faire, cette analyse s’appuie sur les éléments que les enquêtés retiennent de leurs expériences professionnelles et personnelles des populations qu’ils considèrent comme « roms », au regard des stéréotypes usuellement véhiculés au sujet de cette population et des discours publics extérieurs à l’institution. Ce travail repose sur un matériel recueilli lors d’une enquête de terrain conduite entre janvier 2010 et juillet 2012 dans cinq établissements hospitaliers publics et privé de la région parisienne.
 
Ethnoracial Categories and Moral Boundaries in Hospitals: the Case of « Roma » Patients
 
Recent researches underline the increasing salience of ethnoracial categorization processes during social interactions in French public institutions. Despite a very strong work ethic based on the equal treatment principle and universalism, the hospital is no exception. Every day, hospital agents carry out an informal categorization of patients according to ethnoracial criteria. The groups thus created are then evaluated according to moral standards mixing personal and professional values in order to distinguish between “good patients” and “bad patients”. Among these groups, Roma people are systematically referred to as the most distant from the institution, “the worst”, and the most “unmanageable” group, because of “cultural” or “ethnic” features.
This contribution proposes to study, through the words of hospital agents, the emergence of the ethnoracial category of “Roma” patients and to clarify how interviewees appropriate this category and integrate it into their professional practice. This analysis is based on the elements interviewees retain from their professional and personal experiences of populations they consider to be “Roma”, according to usual stereotypes about this population and external public discourses. This analysis stems from material collected during a fieldwork conducted between January 2010 and July 2012 in five public and private hospitals located in the Parisian region.


Participants

BOURGEOIS Marine marine_bourgeois@hotmail.fr
CELESTINE Audrey audrey.celestine@gmail.com
DAHOU Kathryn kathryn.nwajiaku@politics.ox.ac.uk
DELAGE Pauline pauline.delage@voila.fr
EBERHARD Mireille mireille.eberhard@orange.fr
GAUTHIER Jérémie gauthier-jeremie@wanadoo.fr
HAMIDI Camille camillehamidi@hotmail.com
HOURCADE Renaud renaud.hourcade@gmail.com
LAPLANCHE-SERVIGNE Soline solinels@hotmail.com
LARDEUX Laurent laurent.lardeux@univ-lyon2.fr
LEMERCIER Elise elise.lemercier@univ-rouen.fr
MARCHADOUR Guénolé marchadog@yahoo.fr
MESGARZADEH Samina samina.mesgarzadeh@unil.ch
PALOMARES Elise elise.palomares@wanadoo.fr
PRUD'HOMME Dorothée do.prudhomme@gmail.com
RIOUFREYT Thibaut thibaut.rioufreyt@sciencespo-lyon.fr
SALA PALA Valérie vsalapala@aol.com

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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