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Congrès organisé en partenariat avec

Section Thématique 7

Opinion Publique et Action publique
Public Opinion and Public Action

Responsables

Céline BELOT (CNRS-PACTE, Grenoble), celine.belot@sciencespo-grenoble.fr
Charlotte HALPERN (FNSP-CEE, Sciences Po), charlotte_hal@yahoo.com

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Pourquoi s’intéresser aux relations entre opinion publique et action publique ? Cette question semble d’autant plus légitime qu’il s’agit de deux objets (“opinion publique” et “action publique”) traditionnellement étudiés séparément, par des sous-disciplines distinctes de la science politique (respectivement la sociologie politique et l’analyse des politiques publiques). L’objectif de cette section thématique (ST) est de s’inscrire à la croisée de ces deux traditions de recherche pour interroger l’articulation qui peut exister entre, d’une part, l’opinion publique, entendue rapidement comme les jugements et perceptions de la majorité de la population et l’action publique, appréhendée à partir des formes de régulation de l’action collective résultant des activités des institutions publiques et d’une pluralité d’acteurs, publics et privés, agissant conjointement dans des interdépendances multiples et à différentes échelles.
Alors que les réponses apportées dans la littérature se caractérisaient par leur approche essentiellement normative et fonctionnaliste de cette relation, des approches plus pragmatistes ont été développées ces dernières années à partir du constat d’un usage de plus en plus courant des enquêtes d’opinion par les gouvernants. La question du « Who leads whom ?» a ainsi permis d’interroger les usages différentiés des données d’opinion dans la mise sur agenda, la prise de décision, mais aussi le discours politique. Quel que soit le point de départ de l’analyse, celui de la demande ou celui de l’offre, les différentes approches identifiées dans la littérature se rejoignent sur deux points : la nature circulaire de la relation entre opinion publique et politiques publiques d’une part, et le caractère mutuellement contraignant de ces deux pôles d’autre part. Pour autant, peu d’études proposent encore d’analyse de manière fine et précise les mécanismes de ce jeu d’influence réciproque.
Dans cette perspective, cette ST se donne pour objectif d’explorer l’étude de la relation entre opinion publique et action publique à partir de trois types de questionnements. Un questionnement tout d’abord sur la stabilisation des concepts. En effet la difficulté à lier les travaux consacrés à l’opinion et ceux relatifs à l’action publique nous paraît pour partie découler de problèmes de compréhension entre sous-disciplines, en raison de la difficulté à se retrouver autour d’une acception commune de certains concepts – opinion publique, publics, action publique. Un questionnement méthodologique ensuite pour réfléchir aux stratégies collectives à mettre en œuvre pour résoudre les problèmes liés à la prise en compte de la dimension temporelle dans la relation entre opinion publique et action publique, à l’absence de données ou de bases de données longitudinales et au caractère schématique de certains indicateurs privilégiés pour mesurer les effets de l’opinion publique sur l’action publique, tel notamment celui des dépenses publiques. Un questionnement autour des enjeux analytiques enfin. Il s’agira de saisir comment les opinions et les jugements sont intégrés dans des registres de justification, de légitimation et de labellisation qui structurent l’élaboration et la mise en œuvre de l’action publique, à la fois en tant que contraintes et opportunités, et comment en retour l’action publique dans ces différentes dimensions (substantielle, procédurale, symbolique) est perçue, produit des comportements spécifiques et affecte les opinions et les représentations sociales. Cette réflexion s’inscrit ainsi dans une perspective de renouvellement des hypothèses de travail sur la relation entre policies et politics.
Les communications porteront sur tous les domaines de l’action publique. Cette ST contribue au travail mené au sein du groupe de projet PopAct de l’AFSP dont l’objectif est de créer une dynamique de recherche collective et transdisciplinaire sur la relation entre opinion publique et action publique. Cette ST est étroitement liée à la ST 6 sur les policy feedbacks.
 
Why should we investigate the relationship between public opinion and public action? We believe this question to be especially relevant as the analysis concerns two objects (“opinions” and “public action”), which are traditionally studied separately by distinct sub-disciplines in political science. Whatever starting point the analysis takes, be it from a supply or demand perspective, existing literature testifies on the one hand to the circular nature of relationships between public opinion and public action, and on the other hand to the mutually constraining character of the two poles. The objective of this thematic section is to intervene at the crossroads of these research traditions and to question the link that may exist between « public opinion » and « public action », to identify together the mechanisms at work in this game of reciprocal influence.
This thematic section aims at fostering the dialogue between various sub-disciplines by bringing together scholars currently conducting research on the relationship between public opinion and public action. Particular attention will be paid to the following themes: how are opinions and judgements integrated into registers of justification, legitimisation and certification, which structure the development and implementation of public action? How do these publics contribute to influencing the course of public action despite the impact of inertia, deadlocks, and resistances? To what extent does comparative analysis – across issues and policy domains, e.g. security, foreign policy, environment, education, welfare, etc. – contributes to characterizing evolving relationships between public opinion and public action?
Beyond these empirical issues, this thematic section will contribute at differentiating the different issues (epistemological? methodological?) and working together to formulate more precise research questions. In both sessions, some transversal questions will be addressed: what are the epistemological, theoretical and methodological issues revealed by the analysis of the relationship between public opinion and public policy? Is there a common understanding, across sub-disciplines, of specific concepts, e.g. public opinion, public audience and public action? What are the challenges at stake during the operationalization phase (for ex. public opinion), in terms of analytical framework, the choice of indicators, the methods and techniques that might be used, or the isolation of certain variables (context)?
This thematic section directly contributes to the work done within the AFSP research group PopAct in order to create a collective and trans-disciplinary research dynamic on the relationship between public opinion and public action. It is closely linked to the thematic section n°6 on policy feedbacks.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : 9 juillet 2013 14h-16h45
Session 2 : 10 juillet 2013 14h-16h45

Voir planning général...

Lieu : Batiment A (27 rue Saint-Guillaume), salle A 13


Programme

Axe 1 / Opinion publique, action publique : une relation circulaire

Discussion : Aude-Claire Fourot (Simon Fraser University, Vancouver) & Isabelle Guinaudeau (CNRS-PACTE, Grenoble)

Axe 2 / Entre opinion publique et action publique, quelles variables intermédiaires ?

Discussion : Claire Dupuy (ISPOLE, Université catholique de Louvain) & Virginie Van Ingelgom (ISPOLE, Université catholique de Louvain)


Résumés des contributions

Julien Andreani (Université de Provence / LAMES)
 
Vers une justification par l’opinion publique ? L’exemple des Etats Généraux de la bioéthique à l’occasion de la révision de la loi de bioéthique (2009-2011)
 
Le débat bioéthique, ravivé à chaque révision de la loi, ne cesse de témoigner d’un dialogue constant entre le législateur et la société civile. La mise en place des Etats Généraux de la Bioéthique (EGB) illustre la volonté des pouvoirs publics de faire appel à l’opinion dans le processus d’élaboration de la loi de bioéthique (par le biais de forums citoyens ;  d’un site internet dédié avec le recueil d’avis des internautes ; d’un appel à contribution).C’est cette interaction entre les pouvoirs publics et la société civile qu’il s’agira d’interroger au regard de l’intervention et de l’influence de cette dernière dans le processus de décision collective. La manière dont cet instrument a été appréhendé par les acteurs publics et privés du débat, l’influence de leurs avis dans la prise de décision politique et le sort réservé au rapport final des EGB lors du parcours législatif invite à s’interroger sur le statut de cet outil. S’il a été voulu avant tout comme un outil pédagogique et un instrument de participation citoyenne à l’action publique, il est aussi un outil de canalisation et d’institutionnalisation de la production d’opinion publique laissant même entrevoir un changement de registre de justification et de légitimation du pouvoir, la recherche d’un label « opinion publique ».
 
Towards a justification through public opinion? The example of the Estates General on bioethics on the occasion of the revision of the law on bioethics (2009-2011)
 
The debate on bioethics, rekindled on every revision of the law, has always shown a constant dialogue between the legislator and civil society. The setting up of the Bioethics Estates General (BEG) illustrates the will of the authorities to appeal to public opinion in the drafting process of the law on bioethics (through citizen forums; through a dedicated web site to collect the Internet users’ points of view; through a call for contributions). This interaction between public authorities and civil society will be given close examination as regards the intervention and influence of the latter in the collective decision-making process. The way this tool has been apprehended by the public and private actors of this debate, the influence of their opinions on the political decision-making and the future in store for the final BEG report once it has gone through the legislative process invites one to wonder about the social status of this tool. Although it was wished first and foremost as an educational tool as well as a tool to encourage the citizens’ participation in public action, it also enables a channeling and an institutionalization of public opinion production, giving as well early indications of a change in the range of the justification and legitimization of political power in the pursuit of a “public opinion” label.

 
Laurie Boussaguet (Université de Rouen, CEE-Sciences Po), Sophie Jacquot (Université Catholique de Louvain – ISPOLE)
 
A la lisière entre opinion publique et action publique: les politiques symboliques. Le cas de l'interdiction du port de la Burqa en France

L'objectif de cette communication est de présenter les premiers résultats, à la fois théoriques, méthodologiques et empiriques, du projet de recherche SYMBOLITIQUE qui tente d'évaluer les effets des politiques symboliques sur les représentations des citoyens. Seront ainsi présentés les réflexions sur la place du symbolique dans l'action publique, le processus de symbolisation présent dans la construction des politiques publiques, mais aussi la perception qu'en ont les citoyens, grâce à une démarche méthodologique plurielle, qui combine méthodes "classiques" de l'analyse des politiques publiques (analyse de discours, documentation primaire, presse et sondages) et entretiens collectifs auprès de citoyens. Un cas d'étude a été retenu pour le lancement de cette recherche; il s'agit de l'interdiction du port de la burqa dans les lieux publics en France (loi de septembre 2010 sous la présidence Sarkozy).

At the edge between public opinion and public action: symbolic policies. The ban on wearing burqa in France

This paper aims at presenting the first results - be they theoretical, methodological or empirical - of the research project SYMBOLITIQUE, dedicated to the evaluation of the impact of symbolic policies on citizens' representations. Thus, we will present our reflections on the symbolic dimension of public policies, the symbolization process included in policy-making, as well as the perception of this process by citizens, thanks to a mixed-methodological approach which combines "classic" methods in policy analysis and focus groups with citizens. One case study has been chosen for the launch of this research: the ban on wearing burqa in public places in France (Act of September 2010 under Sarkozy's presidency).
 

Ewa Krzątała-Jaworska (Université Paris1 / CRPS-CESSP), Gloria Regonini (Università degli Studi di Milano)

Le web facilite-il le lien entre l’action publique et l’opinion publique ?
 
Notre recherche vise à comparer la façon dont l’opinion publique est (ou n’est pas) intégrée dans l’action publique à travers le web. Nous nous focalisons sur deux exemples : Higher Education Reform en Grande Bretagne et la réforme Gelmini en Italie (2010). Dans les deux cas, il s’agit d’une réforme visible à l’échelle nationale concernant un bien public et donc susceptible d'intéresser une large population. Cette recherche étudie d'une part les usages que les institutions publiques ont fait du web afin de présenter une réforme d'enseignement supérieur et/ou de consulter l'opinion des citoyens sur cette même réforme; d'autre part, elle étudie les usages citoyens du web qui ont pour objectif d'exprimer leur opinion sur la reforme. La comparaison nous permet d’analyser le cas d’e-consultation institutionnelle d’un côté, et les usages alternatifs du web de l’autre. À travers l’analyse de contenu (énonciations des institutions publiques, commentaires des usagers, discussions en ligne), nous verrons que les opinions exprimées dans le cadre d'e-consultations souvent ne sont pas prises en compte par les acteurs politiques. En revanche, dans la situation où aucune consultation publique n'est prévue et donc où le lien entre l’opinion publique et l’action publique manque,  Internet peut être utilisé par des citoyens pour se mobiliser.
 
Does web facilitate the link between public policy and public opinion?

Our research aims to explore how the web facilitates (or not) the inclusion of public opinion in policymaking process. We focus on two examples: Higher Education Reform in Great Britain and Gelmini reform in Italy (2010). Both are visible national reforms likely to appeal to a wide population. Firstly, this research investigates the way that public institutions use  the web to present a reform of higher education and / or to consult the opinion of citizens on the reform. Secondly, it studies the citizens’ appropriation of the web in order to express opinions on the reform. The comparison allows us to analyse on the one hand the case of e-institutional consultation, and, on the other hand, some alternative uses of the web. Through the content analysis (public institutions’ discourse, users’ feedback, online discussions), we see that policy makers often do not take into account the views expressed in the context of e-consultations. However, if the public institutions plan no public consultation, citizen often use Internet as supplementary resource in order to mobilize.


Sophie Dubuisson-Quellier (Centre de sociologie des organisations / CNRS-Sciences Po)

 
La construction des attentes environnementales des consommateurs comme instrument d’action publique
 
L’analyse des politiques publiques et celle des opinions et des valeurs relèvent de deux traditions aussi bien en sciences politiques qu’en sociologie. Les effets de bouclage de l’une sur l’autre peuvent souvent être perçus de manière mécanique. Ce type d’approche laisse de côté les modalités par lesquelles la construction de l’opinion publique devient un moyen spécifique de l’action publique. D’autres travaux montrent au contraire que l’espace public est une idée performative mais qui sert des visées pratiques. La construction de l’opinion y apparaît comme un élément à part entière de l’action publique reposant sur ses propres instruments et visant un certain type d’action gouvernementale. Une manière d’articuler policies and politics pourrait consister à saisir la manière dont la construction de l’opinion publique participe de la définition et de la mise en œuvre d’une action politique. Une partie de l’action publique autour de la question environnementale s’appuie notamment sur la construction d’une représentation très spécifique des attentes du grand public en matière environnementale utilisée comme un lever de l’action publique pour inciter les acteurs économiques à modifier leurs pratiques. En nous appuyant sur les travaux qui, en sociologie économique, nous proposons de rendre compte des spécificités d’une action publique qui vise à animer les marchés en suggérant aux acteurs de l’offre l’existence de nouvelles attentes du grand public en matière environnementale.
 
Building public preferences for the environment as a public policy instrument
 
Analysing public policies and opinion and values come from two different traditions both in sociology and political science. Feedback effects are usually considered within a mechanist perspective, leaving aside how the construction of public opinion might be leverage for public action. Some other researches, on the opposite, show that public space is a performative idea aiming at achieving practical objectives. Building opinion can be a mean for public policy, with its own instruments and for specific political goals. One way of putting together policies and politics might be to consider the way the construction of public opinion is part of the definition of public policy. In the case of environmental policy, building public preferences of citizens towards environmental issues is used as a way of creating incitation for companies to undertake changes. By drawing from the economic sociology literature, this communication analyses the specificities of a public policy that aims at regulating markets by suggesting companies the existence of high consumers’ preferences for environmentally efficient products.


Céline Belot (CNRS-PACTE – Sciences Po Grenoble), Sabine Saurugger (Sciences Po Grenoble & IUF)
 
Les normes de la démocratie délibérative : Une réponse à l’insatisfaction à l’égard du système politique ?
 
Dans la littérature, au niveau des Etats comme de l’Union européenne, l’introduction dans le système politique de nouvelles normes de participation est envisagée comme une réponse aux critiques portées par les citoyens à l’égard de la représentativité de leurs institutions politiques. Cette communication se propose de tester empiriquement cette affirmation en analysant la relation entre l’insatisfaction à l’égard du fonctionnement de la démocratie et l’introduction de nouvelles normes de participation dans trois Etats  membres et dans l’Union européenne. L’analyse portera à la fois sur une base de données relative aux normes de participation en France, Belgique, Irlande et au niveau de l’UE et sur les données EVS et Eurobaromètres. Nous montrerons que si la relation entre l’insatisfaction des citoyens et l’introduction de normes participativesest faible, elle devient plus affirmée lorsque certaines élites, actives politiquement et possédant les moyens de se faire entendre dans l’espace public, s’en saisissent.
 
The norms of participatory democracy: an answer to dissatisfaction with the political system?

In the literature states’- as well as the European Union’s - introduction of participatory norms in the political system is seen as an answer to the fact that citizens are dissatisfied with representative political institutions.
This paper challenges this view in analysing the correlation between dissatisfaction and the introduction of participatory norms in three European member states and in the EU. A database on participatory norms in France, Belgium, Ireland and the EU, Eurobarometer and EVS data as well as media resources are the basis of our analysis. We argue that albeit the correlation between the citizens’ dissatisfaction and the establishment of participatory norms may be weak, the correlation between the critiques voiced by a civic elite which is politically active and vocal in the public space, and the introduction of these participatory norms is a statistically significant one.


Claire Danjoie (doctorante en science politique au LaSSP), Géraldine Molina (Dr. en Géographie, Aménagement – Urbanisme, LISST-Cieu),   Julien Weisbein (MCF en science politique, Science-Po Toulouse, LaSSP)
 
Sensibilisation, prise en compte et construction de l’opinion publique dans l’action publique territoriale de lutte contre le changement climatique
 
Les engagements internationaux et européens ainsi que le Grenelle de l’environnement ont mis aux priorités de l’agenda politique la question climatique. Les collectivités territoriales et établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) de plus de 50.000 habitants se trouvent désormais confrontés à la nécessité d’élaborer leur plan climat-énergie territorial (PCET) avec un double objectif d’atténuation des Gaz à effets de serre et d’adaptation des territoires. Cette territorialisation de la lutte contre le changement climatique permet de poser avec une acuité particulière la question des interactions entre l’action publique et l’opinion publique telle qu’elle peut être mobilisée comme support de légitimation de la part des élus, que cela se traduise en termes de « demande des habitants » (Anquetin, Freyermuth, 2009) ou, plus généralement, de « démocratie délibérative » (Gaudin, 2007 ; Blondiaux, 2008). Pour élaborer leur PCET, les territoires sont en effet soumis à un impératif de sensibilisation des acteurs locaux (acteurs économiques, organismes publics, société civile) et fortement incités à les impliquer dans l’élaboration même du plan à travers une démarche de co-construction. Du fait de son ambition participative, le plan climat de la communauté urbaine du Grand Toulouse, qui servira de cas empirique pour cette communication, permet de questionner à la fois l’effectivité de cette double logique descendante (sensibilisation des corps intermédiaires et du « grand public ») et ascendante (prise en compte de « l’opinion publique toulousaine » mais également de celle d’un tiers absent, que l’on pourrait désigner comme l’opinion des « générations futures »), le rôle joué par la mobilisation de ces différents publics dans la justification et la conduite de ce dispositif et, enfin, la réciprocité de la contrainte entre action publique et opinion publique. Une analyse transversale vise également à préciser quelle(s) opinion(s) publique(s) du politique et quelle(s) opinion(s) politique(s)  du public la lutte contre le changement climatique met en jeu. Il s’agit alors d’éclairer les points de vue des différents groupes d’acteurs, leurs horizons d’attentes par rapport à l’action publique, le politique et l’opinion publique et les représentations qui les sous-tendent. Quelle opinion les professionnels et acteurs institutionnels ont-il du « public » ? De quelle manière se représentent-ils les habitants et usagers, les pratiques sociales et leurs incidences sur le climat et les consommations énergétiques ? Comment se construit cette opinion du public ? Comment ces professionnels et acteurs institutionnels se comportent-ils en tant que citoyens ? Réciproquement, de quelle manière l’opinion publique se représente-t-elle l’action publique climatique ? Quelles sont ses attentes en matière d’organisation de la lutte contre le changement climatique et l’action publique qui la prend pour cible ? Le rôle de la prise en compte de cette « opinion publique » dans la justification et la légitimation de l'action publique de lutte contre le changement climatique peut dès lors être saisi et ce, surtout à travers ses éventuels frottements liés à de telles politiques de gouvernementalisation totale des conduites (Rumpala, 2010) : le refus des « Toulousains » face à certaines initiatives du grand Toulouse, rendu audible par le processus de concertation, peut-il être aussi posé comme un défaut de solidarité avec les générations futures ?
 
Making sensitive, Considering and building public opinion in local public action of climate change : a case study in Midi-Pyrenees.

International and European agreements and « le Grenelle de l'environnement » encourage to consider the climate change issue as a important public problem in the political agenda. Local political institutions must work out their local Climate planification with two purposes:  reduce carbone dioxyde and adapt their territories. This territorialisation of Climate change public policies can show us how the interactions between public action and public opinion are structured. In fact  public opinion could be used as a mean to legitimate the action of political institutions through the public opinion understanding as a « revendication of inhabitants » (Anquetin, Freyermuth, 2009) or as « deliberative democracy » (Gaudin, 2007 ; Blondiaux, 2008). Building their local planification about the climate change must encourage the territories making sensitive the local actors (economical, public institutions and civil society) and including these different partners as co-builders of local planification in the local decision process. In the first hand, the planification of the local administrative institution « Grand Toulouse » could be a good illustration to ask the double logic understanding as two aspects of these integration of public opinion in local participative policies - a « top-down » logic (to make alive the « public » opinion and professional groups) and a « bottom-up » logic (to consider the public opinion of « Toulouse » and the opinions of « future generations »).  In the second hand this case study could help us to understand the place of these different publics in the legitimizing and justification process of this public instrument. Finally, we could show the reciprocity of constraint between public action and public opinion. A transversal analysis drives to identify which public opinion of political world and which political opinion of the «public » about the climate change policies.  It could be interesting to clarify the different point of view, the wishes of the actors about public action, polity world and public opinion. Which opinions have the professional groups and the institutions about the « public »? How do they understand the « inhabitants », theirs social practices and theirs consequences about the climate change and the energy-consumpt? How is build the « public opinion »? Which behaviors and practices of these institutional and professional actors as citizens in front of the climate issue? Which representations of « public opinion » about the climate change policies? Considering the « public opinion » in the justification and the legitimizing of public action in the climate change could be  understood as a aspect of « total governementalisation of behaviors » (Rumpala, 2010) : contestation of inhabitants in front of each political actions of the institution « Grand Toulouse » could be considered  as a lack of solidarity for the « future generations » ?
 
Emmanuelle Comtat (PACTE / Sciences-Po Grenoble)
 
Du vote des pieds-noirs aux politiques mémorielles à l’égard des rapatriés : ce que l’Opinion publique fait à l’Action publique et réciproquement

Après une longue période d’amnésie collective permettant à la concorde civile de se rétablir, la question coloniale revient en force dans le débat public et a été au cœur de vives polémiques avec l’article de loi de 2005 sur le « rôle positif » de la présence française outre-mer. Dans un contexte de guerre des mémoires ravivée, nous proposons d’étudier le lien entre opinion publique pied-noir en mal de reconnaissance et « fabrique » de politiques publiques mémorielles. Nous verrons comment les pieds-noirs utilisent leur vote et font pression sur la classe politique pour que leurs revendications mémorielles soient mises à l’agenda. Nous observerons comment ils parviennent à « convaincre » les hommes politiques à leur apporter leur soutien en étudiant les stratégies de vote qu’ils déploient et les formes de mobilisations et d’actions de lobbying qu’ils utilisent. Nous verrons s’ils disposent de relais au plan politique, sur quels fondements ils se constituent et comment ils sont ravivés.  Nous observerons de quelle manière les hommes politiques se saisissent à leur tour de ces questions. Pourquoi décident-ils d’intervenir dans ces conflits qui divisent encore fortement la société française et de donner satisfaction aux rapatriés ? Nous allons croiser les matériaux empiriques qualitatifs et quantitatifs pour évaluer leurs apports respectifs et leurs limites dans l’étude du lien entre Opinion publique et Action publique.
 
From the vote of the pieds-noirs to memory policies: what public opinion does to public Action and vice versa

After a long period of collective amnesia following decolonization, colonial issues are back in public debates and have been at the centre of controversies with the 2005 French law on colonialism. In a context of revived conflicts of memory, we propose to study the link between the pied-noir public opinion and the making of memory policies. We shall see how the pieds-noirs use their vote and put pressure on the political class for their memory demands to be put on the agenda. We shall observe how they succeed in "convincing" politicians to bring them their support, by studying their voting strategies and the forms of mobilizations and actions of lobbying which they use. Do they have political relays and how are they activated? We shall analyze how the politicians seize in their turn these questions. Why do they decide to intervene in these memory conflicts which divide still strongly the French society and why do they choose to give satisfaction to the repatriates? We are going to cross the qualitative and quantitative empirical methods to assess their respective contributions and their limits in the study of the link between Public opinion and public Action.


Hélène Dufournet (ISP / ENS Cachan ; CERTOP Université Toulouse 2)
 
Le public des causes humanitaires : l’action publique sous surveillance
 
L'engagement du gouvernement français en faveur de l'interdiction des armes à sous-munitions constitue un cas d'étude privilégié pour étudier les conditions et les mécanismes par lesquels l'opinion publique peut orienter une décision au carrefour de la politique de défense et de la politique étrangère. L'événement est troublant si on le considère comme un désarmement imposé à l'État par des acteurs non-étatiques. Pourtant, il semble que la mobilisation des ONG soit parvenue à infléchir la décision des autorités publiques, en obligeant les pouvoirs publics à adopter un traité auquel ils auraient largement préféré se soustraire. Partant de ce constat, cette communication propose de montrer comment l'opinion publique joue un rôle essentiel dans le « bras de fer » qui s'engage entre ONG et pouvoirs publics. L'analyse des registres de justification et des logiques d'élaboration de l'action publique révèle en effet qu'en créant de la publicité autour du problème, la visibilité de la protestation rend l'inaction politique difficilement défendable dans l'espace public. Mais elle montre aussi comment ces contraintes d'acceptabilité politique, si elles irriguent les agissements et la prise de parole publique du gouvernement, ne suffisent pas malgré tout à emporter la décision.
 
The Public of Humanitarian causes: Public policy under surveillance

The commitment of French government to ban cluster munitions offers an interesting case study to examine the conditions and mechanisms through which the public can guide a decision at the crossroads of defense policy and foreign policy. The event is troubling if one considers it as a disarmament imposed on State by non-state actors. However, it seems that the transnational mobilization has managed to influence the decision of public authorities, forcing the government to adopt a treaty that it would have preferred to avoid. Based on this observation, this paper intends to show how public opinion plays an essential role in the "showdown" that ensues between NGOs and public authorities. Indeed, analysis of justifications and modes of development of public policy shows how, while creating publicity around the issue, the visibility of the protest makes political inaction difficult to justify in the public space. But this analysis also reveals how these constraints of political acceptability, if they irrigate the actions and the public speaking of government, remain still not enough to win the decision.


Carole Bachelot (ISP Nanterre)
 
Les partis politiques entre mobilisation de la référence à l’opinion et élaboration de l’action publique : le cas du parti socialiste
 
Cette communication vise à explorer ce que les acteurs partisans font des demandes perçues comme étant celles de « l’opinion » pour élaborer leur programme politique ou la « ligne » chargée de borner cette production programmatique. Ce n’est pas tant la construction d’un enjeu, d’un programme ou d’une idéologie qui sera analysée que l’observation précise de la manière dont la référence à l’opinion est construite et mobilisée, essentiellement à des fins de légitimation, dans le cadre de la compétition intra-partisane pour produire une position politique qui à son tour influera sur la définition des enjeux et les politiques publiques proposées. Pour ce faire, cette communication reposera sur des données qualitatives originales, recueillies dans le cadre du travail de terrain réalisé pour une thèse soutenue en 2008 sur les dirigeants du Parti socialiste. Ces données consistent essentiellement en l’observation ethnographique durant les années 2002-2008 des instances dirigeantes du PS (Bureau et Secrétariat national). Seront plus particulièrement étudiés les débats relatifs au mouvement social contre la Loi Fillon sur les retraites en 2003 ainsi que ceux portant sur la ratification du Traité de Lisbonne en 2007. Cette réflexion propose donc un triple décentrement de l’analyse : (1) L’étude du travail de médiation des partis, non dans sa dimension de courtage ou de représentation des intérêts sociaux, mais dans celle de traduction des demandes vise à mieux comprendre la relation entre opinion et action publique ; la prise en compte de cet échelon supplémentaire dans l’analyse contribue également à la réflexion sur le concept de l’opinion, et à la manière dont celle-ci est définie par les acteurs partisans (par rapport à l’électorat notamment) ; (2) Au lieu de procéder à une autre étude de l’utilisation des sondages par les gouvernants ou les candidats, ou une mise en relation de données quantitatives, elle opte pour un traitement qualitatif afin de comprendre comment les contraintes propres aux organisations partisanes (compétition interne, éventuelle collégialité, recherche du consensus) influent à court terme sur la prise en compte de « l’opinion » et sur la production d’une position politique, voire sur celle de l’action publique ; (3) En observant dans le huis-clos d’une direction partisane les processus de labellisation et de légitimation dans lesquels s’intègre la mobilisation de l’opinion, elle contribue à la réflexion sur la porosité des appareils politiques face à cette même opinion ; elle prend également au sérieux l’assertion selon laquelle les partis sont des « systèmes politiques miniatures », dont les débats programmatiques ont un impact sur l’action publique.

Political parties: the reference to public opinion in the policy-making process. The case of the French Socialist Party

This paper aims to investigate what parties make from the demands of the “public opinion”, in order to frame out their policy-making. It will not deal with the making of a precise manifesto or of an ideology, but it will rather insist on the way opinion is used in the general process of policy-making, mainly at legitimizing ends, in the competitive arena of inter-parties politics. This paper will thus rely on original qualitative data from an ethnographic fieldwork conducted for a doctoral thesis on the national leadership of the French Socialist Party (2002-2008).  The analysis will focus on the internal debates on the social mobilizations raised by the Fillon law on the reform of the pension scheme and by the ratification of the EU Lisbon Treaty in 2007. This reflection will thus take into account the mediatory role of the party taking charge of public demands. The aim is to better understand the relationship between public opinion and policies, in so far as opinion is as well built by parties as by the electorate or the media; it will focus on the specific constraints displayed by party organizations (search for consensus, internal competition, in some cases collegiality); it will eventually provide some elements to the debate on the porous/impervious dimension of the parties towards opinion trends.


Sylvain Brouard (FNSP Centre Emile Durkheim – Sciences Po Bordeaux), Florent Gougou (CEE – SciencePo Paris), Isabelle Guinaudeau (Pacte – Sciences Po Grenoble), Simon Persico (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, CEE – SciencePo Paris)
 
L’importance de la variable partisane dans l’étude des liens entre opinion publique et politique électronucléaire en France

Cette communication s’attache à éclairer deux paradoxes relatifs aux choix de politique électronucléaire français. Le premier paradoxe réside dans le contraste, sur le temps long, entre le climat d’opinion fluctuant à l’égard du nucléaire et l’extrême stabilité de la politique énergétique française, restée pro-nucléaire. Le deuxième paradoxe a trait aux dynamiques de l’opinion publique sur le temps court, entre la catastrophe de Fukushima de mars 2011 et l’élection présidentielle de 2012. En dépit de la proximité d’un accident nucléaire majeur et de la politisation croissante de la question lors de la campagne, les quatre derniers mois précédant le scrutin ont été marqués par une nette résurgence des opinions favorables à la production d’électricité nucléaire. À partir de l’analyse croisée des choix de politique nucléaire, des lois adoptées en la matière par l’Assemblée nationale, de plusieurs enquêtes d’opinion, des programmes partisans et de la couverture médiatique de l’énergie nucléaire, nous identifions une variable intermédiaire, cruciale pour comprendre la relation entre opinion publique et action publique : la variable partisane. En présence d’un large consensus entre les partis et leurs candidats, les variations de l’opinion ont peu d’impact sur l’action publique. Réciproquement, le cadrage politique et partisan des politiques constitue une courroie de transmission importante entre action publique et opinion publique.

The importance of partisan variables for understanding the links between public opinion and nuclear energy policy in France.
 
We deal with two paradoxes with respect to French choices of nuclear energy policy. The first paradox is the contrast, in the long term, between a fluctuating climate of opinion towards nuclear energy and the extreme stability of French pro-nuclear energy policy. The second paradox concerns the dynamics of public opinion in the short term, between the catastrophe of Fukushima in March 2011 and the 2012 Presidential election. Despite the proximity of a major nuclear accident and the growing politicization of this issue over the course of the campaign, the four last months preceding the election have seen a clear resurgence of pro-nuclear opinions. Our analysis of choices of nuclear policy, laws adopted on this matter by the National Assembly, several mass surveys, party manifestos and the media coverage of nuclear energy, leads us to identify a intervening variable which appears to be crucial for understanding the relation between public opinion and public policy: political parties. In presence of a large consensus between parties and their candidates, public opinion variations have little impact on public action. Conversely, the political and partisan framing of policies is an important channel between public action and public opinion.


Daniel Bischof (University of Leicester), Laura Morales (University of Leicester)

Chocs externes et sensibilité des gouvernements à l’opinion publique. Une étude de la politique d’énergie nucléaire à la suite du désastre de Fukushima

Jusqu’à quel point les gouvernements démocratiques sont-ils sensibles aux demandes et aux préférences des citoyens en milieu de mandat ?  Est-ce que les gouvernements ont tendance à réagir en fonction de l’opinion publique telle qu’elle est exprimée via les enquêtes ou bien en fonction de l’opinion publique exprimée de manière collective et publique  - généralement dans des manifestations ? Le but principal de cette communication est d’analyser les réponses des gouvernements aux différentes expressions de l’opinion publique en milieu de cycle électoral. Plusieurs travaux de théorie démocratique suggèrent qu’entre deux élections la réactivité gouvernementale aux pressions de l’opinion publique risque de nuire au processus de représentation démocratique. Dès lors, comment ces gouvernements prennent-ils leurs décisions lors de « chocs externes » imprévus ? Comment agissent-ils face à des situations inattendues qui exigent que des décisions soient prises ?  Deux options s’offrent à eux, ils peuvent soit choisir de suivre leur programme politique – en tant que représentants légitimes du peuple – soit agir de manière alignée sur l’opinion publique – un choix réactif. Ces situations imprévues offrent la possibilité d’analyser des moments où il est le plus probable d’observer l’émergence de préférences politiques « vraies et indépendantes » au sein de l’opinion publique, elles peuvent également limiter les problèmes posés par l’anticipation de l’opinion publique par les représentants politiques, ce qui fournit une situation idéale pour examiner les dynamiques de la sensibilité des gouvernements à l’opinion. Dans cette communication nous nous servirons de l’étude de la politique de l’énergie nucléaire à la suite du désastre de Fukushima pour examiner ce genre de processus de décision.
 
External shocks and governmental responsiveness to public opinion. A case study of nuclear energy policy after the Fukushima disaster.
 
To what extent are democratic governments responsive to citizens’ demands and preferences between elections? Are governments more likely to be responsive to the expression of public opinion through surveys or to collective and publicly voiced opinion – generally in the form of protests? The main objective of this paper is to propose a new way of analysing the dynamics by which governments become more or less responsive to different expressions of public opinion (as expressed in opinion polls and through collective action) between elections.
Several scholars have pointed out that, in the presence of electoral mandates, between-elections responsiveness might be detrimental to the process of democratic representation. However, what happens when no mandate on specific issues or policy-making junctures can be claimed, or when unexpected external shocks occur? How do governments act when unexpected situations or decision-making junctures emerge? In these occasions, responsible governments have a choice between following their own policy preferences ¾ as legitimate representatives of the citizenry – or following public opinion ¾ the responsive choice. Unexpected junctures (often triggered by external shocks) have the virtue of providing situations in which something closer to “true and independent” policy preferences emerge within public opinion, and they also limit the problems posed by politicians’ anticipation of public opinion, hence providing an ideal setting to examine the dynamics of governmental responsiveness in its purer form. In this paper we look at this kind of unexpected decision-making junctures using the case study of the nuclear energy policy after the Fukushima disaster.

 
Frédéric Gonthier (Pacte – Sciences Po Grenoble)

Interventionnisme de l’opinion publique et intervention de l’Etat face aux inégalités sociales. Une analyse multiniveau de l’évolution des attitudes économiques en Europe entre 1990 et 2008.
 
Cette communication vise à comparer les transformations de l’opinion publique à l’égard des inégalités et l’évolution de l’action publique face aux inégalités en Europe. La comparaison, qui s’appuie sur les trois dernières enquêtes Valeurs (1990-1999-2008), porte sur 23 pays de l’Union européenne. Elle permet d’abord de montrer que le rejet du libéralisme économique ne constitue pas un épiphénomène né de la crise de 2007, mais une tendance de fond qui traverse l’ensemble des pays de l’Union européenne depuis les années 1990. On s’intéresse ensuite à l’interventionnisme, qui représente la dimension la plus consistante à l’échelle européenne de ce « trend » antilibéral. A l’aide d’une analyse multiniveau, on cherche à évaluer l’influence sur cette dimension de différents indicateurs agrégés de l’action publique traduisant le degré d’inégalités (Gini, PIB, taux de chômage) et l’ampleur des politiques de lutte contre les inégalités (dépenses de protection sociale) des pays de l’Union européenne. Les résultats mettent en évidence que l’opinion publique n’est pas forcément plus encline à l’interventionnisme là où l’Etat intervient moins dans la vie économique et sociale. Si les pays les moins favorisés (du point de vue du PIB par habitant et du taux de chômage) sont bien ceux où l’interventionnisme est le plus marqué, la relation entre les attentes sociales et le montant des dépenses de protection sociale est plus complexe : l’interventionnisme atteint en effet le niveau le plus haut dans les pays où les dépenses sociales sont les plus élevées et où elles ont le plus augmenté depuis 2000. Tout se passe en fait comme si la demande d’Etat était d’autant plus forte que l’Etat intervient. Plusieurs études empiriques ont fait observer que les transformations durables de l’opinion publique tendent à influencer les décisions des élites politiques et à précéder les changements dans l’action publique. On montrera que les politiques publiques sont aussi susceptibles d’accompagner en les renforçant les dynamiques de l’opinion publique. 

Interventionism in Public Opinion and Government Intervention on Inequality. A Multilevel Analysis of Economic Attitudes and their Evolution in the European Union between 1990 and 2008.
 
This presentation deals with the evolutions of public opinion and government intervention tackling social inequalities since the 1990s. First we use the data from the European Values Study to show that liberal preferences concerning economy have sharply decreased since 1990 in the European Union, while confidence in State social functions has progressed. Then we examine interventionism, which appears to be the most salient dimension of economic attitudes within EU countries. We try to disentangle subpublics and countries influences with multi-level regression linear modeling. Models show that most of EU countries have become more interventionist between 1990 and 2008 when gender, age, income, employment status and political position are controlled for. The last step of the analysis introduces macrolevel variables in the modeling. Among different inequality indicators, GDP, Gini coefficient, unemployment rate and social expenditure have a significant impact on social expectations. However, our results show that public opinion is not all the more statist since governments spend less on social welfare programs. On the opposite, interventionism reaches its highest level in EU countries where social spending is the most important and has been rising since 1990. We finally emphasize that the dynamics of public opinion not only shape public policies by influencing political elites - as it has often been stated in the literature -, but can also in return be mirrored and reinforced by publics policies.


Participants

ANDREANI Julien julien.andreani@gmail.com
BACHELOT Carole carole.bachelot@noos.fr
BELOT Céline celine.belot@sciencespo-grenoble.fr
BISCHOF Daniel db308@leicester.ac.uk
BOUSSAGUET Laurie laurie.boussaguet@gmail.com
BROUARD Sylvain s.brouard@sciencespobordeaux.fr
COMTAT Emmanuelle emmanuelle.comtat@wanadoo.fr
DANJOIE Claire claire.danjoie@laposte.net
DUBUISSON-QUELLIER Sophie s.dubuisson@cso.cnrs.fr
DUFOURNET Hélène helene.dufournet@univ-tlse2.fr
GONTHIER Frédéric frederic.gonthier@iepg.fr
GOUGOU Florent florent.gougou@sciences-po.org
GUINAUDEAU Isabelle isabelle.guinaudeau@eui.eu
HALPERN Charlotte charlotte_hal@yahoo.com
JACQUOT Sophie sophie.jacquot@uclouvain.be
KRZATALA-JAWORSKA Ewa ewakj@yahoo.fr
MORALES Laura lm254@leicester.ak.uk
PERSICO Simon simon.persico@sciences-po.org
REGONINI Gloria gloria.regonini@unimi.it
SAURUGGER Sabine sabine.saurugger@sciencespo-grenoble.fr

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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