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Congrès 2024

Séances plénières

Lors du Congrès 2024, deux temps en séance plénière seront proposés aux congressistes pour débattre de façon renouvelée, tant sur le fond que sur la forme, des conditions réelles d’exercice du métier de politiste. Ces plénières auront lieu dans le grand amphithéâtre Louis Weil de l’Université Grenoble Alpes.

La session plénière inaugurale du Congrès, qui suivra l’ouverture officielle par l’AFSP et ses partenaires, aura pour thème « Les Politistes à la Une ! Ce que parler aux médias veut dire. Intervenir dans l’urgence : la guerre en Ukraine et les législatives anticipées de 2024  ». Alors que les objets comme les élections ou la guerre, qui constituent le cœur de la science politique, sont au sommet de l’agenda, cette table ronde d’ouverture vise à prolonger la discussion initiée lors du Congrès de Lille sur le rôle des politistes dans la Cité, en se concentrant sur leurs interactions avec les médias. Nous interrogerons, du côté des médias, la diversité des arènes et des attentes, alors que les formats et les auditoires se fragmentent. Nous réfléchirons aussi aux opportunités, ainsi qu’aux risques que constituent, pour un.e politiste, l’intervention dans les médias. Les savoirs développés par la science politique sont-ils compatibles avec les attentes des rédactions ? Comment rendre compte de recherches compréhensives, appuyées sur des enquêtes micro ou macro, qualitatives ou quantitatives, nécessitant temps et recul lorsque les médias souhaitent des positions immédiates et souvent normatives ? Existe-t-il une spécificité, au regard de son objet, de la science politique par rapport aux autres sciences, dans ses interactions avec les médias ? La table ronde réunira des scientifiques intervenant régulièrement dans les médias et en particulier des politistes qui analysent les élections en cours, mais aussi un sociologue des médias et une journaliste politique.

Organisation et animation

  • Céline Belot (CNRS, Pacte, Sciences Po Grenoble – UGA)
  • Simon Persico (Pacte, Sciences Po Grenoble – UGA)
  • Philippe Zittoun (LAET-ENTPE, Université de Lyon)

 

Intervenantes et intervenants

  • Anna Colin Lebedev, Maîtresse de conférences, Université Paris Nanterre, ISP
  • Félicien Faury, Chercheur post-doctoral, CESDIP
  • Mathilde Goanec, Journaliste à Médiapart
  • Florent Gougou, Maître de conférences, Pacte, Sciences Po Grenoble – UGA
  • Cyril Lemieux, Directeur d’études à l’EHESS, Directeur du LIER-FYT

 

Présentation

Les crises à répétition qui caractérisent le monde du XXIème siècle sont fondamentalement politiques. De la bascule des rapports de force et de coopération internationaux au développement des démocraties « illibérales », de l’effondrement de la confiance civique à la reconfiguration des structures de vote et de pouvoir, de la fragmentation des espaces publics au retour de la guerre, c’est de politique dont il est question. Ces bouleversements à répétition concernent tout autant des phénomènes nouveaux que des objets canoniques, sur lesquels la science politique s’est construite. Ils ont des conséquences majeures sur la vie des citoyennes et des citoyens et intéressent les journalistes. Jusqu’ici, pas de surprise : les politistes sont sans doute les scientifiques qui partagent le plus grand nombre de questions – ou a minima de thèmes – avec les journalistes.

Les politistes ne sont pas absent.es des arènes médiatiques. Certain.es peuvent être sollicité.es de manière régulière pour analyser les soubresauts de la vie politique – les campagnes électorales, les mouvements sociaux, l’activité parlementaire et gouvernementale, etc. D’autres peuvent aussi intervenir à propos de leurs recherches sur des événements politiques en train de se dérouler, comme cela a pu être le cas à la suite des attentats de 2015, du mouvement des Gilets jaunes ou encore de la pandémie de Covid-19. Et pourtant, les politistes restent relativement peu présent.es dans les médias et la prise de parole sur les objets au cœur de leurs travaux est fortement concurrencée, par les journalistes eux-mêmes, toutes sortes de “politologues” auto-proclamé.es, des membres d’instituts de sondages, de fondations ou de think tanks, ainsi que par des scientifiques inscrits dans d’autres disciplines, qui se saisissent aussi des objets politiques.

Nous souhaitons, à travers cette plénière, poursuivre la discussion entamée à Lille sur la place des politistes dans la Cité en nous concentrant sur les interactions entre politistes et médias. Il s’agira ainsi de s’interroger sur l’arène médiatique, son mode de fonctionnement, ses transformations à l’ère des réseaux sociaux et des chaînes d’info en continue, les formes de savoir qui y sont attendues et l’usage qui en est fait, mais aussi ses dynamiques et ses barrières d’accès. Nous questionnerons aussi, en miroir, les spécificités de la production du savoir politiste, et les conditions de sa circulation, incluant notamment la question de la traduction (qui est toujours une forme de trahison) du savoir.

Cela nous mènera à réfléchir aux opportunités, mais aussi aux risques que constituent, pour un.e politiste, l’intervention dans les médias. Les savoirs développés par la science politique sont-ils compatibles avec les attentes des journalistes ? Comment rendre compte de recherches compréhensives, appuyées sur des enquêtes nécessitant temps et recul, ou de terrains micro ? Comment faire connaître ses travaux ? Vers quels médias se tourner si l’on souhaite donner une visibilité à ses résultats ? Des approches qui ne se veulent ni prédictives ni normatives peuvent-elles répondre aux attentes du monde journalistique ? Les autres sciences font-elles face à des défis similaires ?

Pour répondre à ces questions, cette table-ronde d’ouverture rassemblera à la fois des collègues qui choisissent d’intervenir régulièrement dans le débat public, des collègues qui travaillent sur la place et le rôle de la science dans les médias, et une journaliste politique et éditorialiste de premier plan dans la presse écrite comme dans les médias audiovisuels. Ouverte au grand public et aux journalistes, la plénière sera l’occasion de discuter des attentes des citoyen.nes et des journalistes quant à l’intervention des politistes dans les médias. Nous espérons que de telles discussions puissent servir de premier « mode d’emploi » pour l’ensemble des collègues qui pensent qu’il est utile de partager, dans les médias, les résultats de la science politique.

 

The crises that characterize the world in the 21st century are fundamentally political. From the shift in international power balances and cooperation to the development of « illiberal » democracies, from the collapse of civic trust to the reconfiguration of voting and governing structures, from the fragmentation of public spaces to the return of war, it’s all about politics. These repeated upheavals are as much about new and unstudied phenomena as classic issues on which political science has been built. They have major consequences for the lives of citizens, and are of interest to journalists. So far, no surprise: political scientists are undoubtedly the scientists who share the greatest number of questions – or at least themes – with journalists.

Political scientists are not absent from the media arena. Some appear in the press or on the air to analyze the ups and downs of political life – electoral campaigns, social movements, parliamentary and governmental activity, etc. Others may be asked to report on their latest research findings on political reality in the making, as was the case following the 2015 attacks, the Gilets jaunes movement or the Covid-19 pandemic. And yet, political scientists are still relatively under-represented in the media ; their views on the issues at the heart of their work are often under-reported, to the benefit of journalists themselves, political actors or all kinds of self-proclaimed « political scientists » who are members of polling institutions, foundations or think tanks, and from scientists in other disciplines who also take up political issues.

Through this plenary session, we wish to continue the discussion begun in Lille on the place of political scientists in the Cité, by focusing more specifically on the interactions between political scientists and the media. We’ll be looking at the media arena, how it operates, how it is changing in the age of social networks and 24-hour news channels, the forms of knowledge that are expected of this arena and how it is used, as well as its dynamics and barriers to access. We will also examine the specificities of the production of scientific knowledge, more specifically political scientific knowledge, and the conditions of its circulation, including the question of translation (which is always a form of betrayal) of knowledge.

This will lead us to reflect on the constitution and distribution of media capital, but also on the compatibility between the knowledge developed by the sciences, and specifically by political science, and journalistic expectations. How can we account for comprehensive research, based on surveys that require time and hindsight, or on micro-fields? Can approaches that are neither predictive nor prescriptive meet the expectations of the journalistic world? Are other sciences facing similar challenges?

This plenary session will provide an opportunity to address all these questions through a round-table discussion that will bring together colleagues who choose to intervene regularly in the media, colleagues who work on the place and role of scientific discourses in the public sphere, and a leading political journalist and editorialist in both print and broadcast media.

En 2024, l’AFSP fait le choix pour sa traditionnelle « AG de congrès » de proposer un grand temps collectif en plénière, la transformant ainsi en AG-débat qui permettra d’articuler le classique retour sur les recrutements 2024 – en partenariat avec les représentants de la section 04 du CNU et de la section 40 du CNRS – avec les résultats des enquêtes et mobilisations de l’AFSP/OMASP « Conditions de travail » & « Blocage des carrières ».

C’est bien sûr dans le cadre de cette AG qu’une éventuelle mobilisation visant à défendre les métiers de la science politique pourra être proposée à la discussion. La présence de tou.te.s les adhérent.e.s et politistes n’en est que plus nécessaire.

Compte tenu du contexte politique nationale, un temps spécifique de l’AG-débat sera consacré au décryptage du 1er tour des législatives anticipées du 30 juin. Cet échange sera introduit par Nonna Mayer et Vincent Tiberj.

La présentation du rapport moral et financier 2023 aura lieu à l’automne 2024 lors d’une AG à distance.