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ST 38

Crises et échelles de l’action publique Outre-mer

Crises and scales of public action in overseas France

Responsables scientifiques :  

Jan Verlin (Université Lyon 3 Jean Moulin) jan.verlin@sciencespo.fr
Clémentine Lehuger (CURAPP-ESS) clementine.lehuger@laposte.net

 

L’action publique dans les territoires d’Outre-mer se caractérise par un ensemble de dérogations et d’adaptations résultant d’une tension historique entre un cadre réglementaire général et les particularités de chaque territoire. Cette complexité administrative est mal reflétée par la catégorie « Outre-mer »; qui masque la diversité des trajectoires de ces territoires, Celle-ci s’est encore accentuée avec l’introduction de statuts “sur mesure” des collectivités territoriales ultramarines. La multiplication de crises sociales et politiques constitue un autre biais par lequel cette diversité se manifeste. Ces crises de plus en plus fréquentes dans les Outre-mer révèlent le sentiment de marginalisation des sociétés ultramarines par rapport à la métropole. Elles suscitent souvent des réponses spécifiques de la part du gouvernement central, rappelant ainsi l’utilisation historique des colonies comme « laboratoires d’expérimentation » par l’État colonial.

Face au paradoxe d’un État régalien qui s’affirme en situation de crise en Outre-mer tout en s’adaptant à cette diversification des trajectoires, cette section thématique vise à examiner la spécificité de l’action publique de ces territoires regroupés sous la bannière “Outre-mer ». Elle cherche notamment à comprendre comment cette action publique est produite dans l’interaction des différentes échelles de gouvernement outre-mer entre politique local, régionale et métropolitain et comment elle affecte les sociétés concernées. Pour ce faire, cette ST invite des analyses de processus de création et d’adaptation de politiques concrètes comme première entrée thématique.

La ST souhaite également explorer les effets de l’action de l’État sur les populations ultramarines, en mettant en lumière les rapports de pouvoir asymétriques qui caractérisent le contexte postcolonial des Outre-mer et comment le rapport complexe entre les populations et l’État postcolonial se manifeste à travers des mouvements de protestation populaires.

Cette section s’articulera autour de deux axes :

1/ Le premier axe de recherche se concentre sur l’examen des relations politiques, administratives et sociales situé sur différentes échelles au sein de l’État Outre-mer. Cela englobe les interactions entre les différents acteurs territoriaux et leurs relations avec l’État central. Comment l’action publique ultramarine se manifeste dans des politiques spécifiques ? Comment peut-on analyser l’impact des différentes trajectoires politiques des territoires outre-mer dans la mise en œuvre et la contestation de politiques locales ? Comment l’action publique s’adapte différemment aux contextes politiques locaux ? Et par quelle approche comparative est-il possible d’analyser ces processus d’adaptation ?

2/ Le deuxième axe de recherche se focalise sur l’analyse de l’action publique dans le contexte des « crises », qui peuvent revêtir diverses formes telles qu’environnementales, politiques, sociales, migratoires, sanitaires et économiques. Cependant, il est essentiel d’adopter une perspective réflexive concernant la compréhension interne de l’action publique dans les territoires d’Outre-mer. Comment les acteurs de l’Etat Outre-mer conçoivent-elles la crise et leur rôle pendant la crise ? Comment interagissent-ils avec les autres échelles de gouvernement concernées par la crise ? Cette entrée doit également permettre d’aborder la question de la nature politique de la crise, dont la définition ne peut être dissociée d’enjeux de gouvernement outre-mer.

 

Public action in the French overseas territories is characterized by a series of derogations and adaptations resulting from a historical tension between a general regulatory framework and the particularities of each territory. This administrative complexity is poorly reflected by the category « Overseas », which masks the diversity of the trajectories of these territories. This has been further accentuated by the introduction of « tailor-made » statutes for overseas territorial authorities. The multiplication of social and political crises is another way in which this diversity manifests itself. These increasingly frequent crises in the French overseas territories reveal the marginalization of overseas societies in relation to metropolitan France. They often elicit specific responses from the central government, recalling the historical use of the colonies as « experimental laboratories » by the colonial state.

Faced with the paradox of a regal State that asserts itself in a crisis situation in overseas France while adapting to this diversification of trajectories, this thematic section aims to examine the specificity of public action in these territories grouped under the banner « Overseas ». In particular, it seeks to understand how this public action is produced in the interaction of the different overseas scales of government between local, regional and metropolitan politics, and how it affects the societies concerned. To this end, this ST invites analyses of the processes involved in creating and adapting concrete policies as its first thematic entry point.

The ST also wishes to explore the effects of state action on overseas populations, highlighting the asymmetrical power relations that characterize the postcolonial context of overseas France and how the complex relationship between populations and the postcolonial state manifests itself through popular protest movements.

We intend to structure the discussion along two lines.

1/ The first line of research focuses on the examination of political, administrative and social relations located on different scales within the overseas state. This encompasses the interactions between the various territorial players and their relations with the central state. How does public action in overseas France manifest itself in specific policies? How can we analyze the impact of the different political trajectories of overseas territories on the implementation and contestation of local policies? How does public action adapt differently to local political contexts? And what comparative approach can be used to analyze these adaptation processes? 

2/ The second line of research focuses on the analysis of public action in the context of « crises », which can take various forms such as environmental, political, social, migratory, health and economic. However, it is essential to adopt a reflexive perspective on the internal understanding of public action in overseas territories. How do overseas state actors perceive the crisis and their role during it? How do they interact with other levels of government affected by the crisis? This approach should also address the political nature of the crisis, whose definition cannot be dissociated from overseas government issues. 

Axe 1 / Le gouvernement des Outre-mer : saisir la fabrique des politiques publiques à différentes échelles
Discutante : Stéphanie Guyon (Université Picardie Jules Verne, CURAPP-ESS)

Mégane Aussedat (Laboratoire Dysolab, Université de Rouen), Les « décasages » institutionnels ou la production d’exceptions encastrées à Mayotte

Pauline Chevillotte, Nommer et gouverner la singularité des originaires d’outre-mer : le « problème centres d’intérêts matériels et moraux » dans les forces de l’ordre de la Guadeloupe

Olivier Provini et Damien Deschamps (Université de la Réunion), Du rond-point de quartier aux cabinets parisiens : comment se négocie l’action publique en Outre-mer ? Le cas des politiques de l’emploi à La Réunion

Félix Flaux (EHESS / Centre Maurice Halbwachs), L’édification d’un droit de la migration d’exception en Guyane. Étude de cas d’une gestion postcoloniale des “crises” aux marges de l’espace national

Axe 2 / Qu(i)’est-ce qui fait « crise » en Outre-mer ? Analyse de l’action publique en situation de crise dans les espaces ultra-marins
Discutant.e : à définir

Yann Bérard (Université des Antilles), Réenchanter les Outre-mer par le vert et le bleu ? Le discours de laboratoire en question

Anne Goerens (Université de Montpellier / CEPEL), La réception de l’action publique énergétique par les gouvernés en Guadeloupe

Edenz Maurice (IHEMI / CERMA-EHESS), Le préfet, l’instituteur et l’affaire Malraux (14 septembre 1958). Effets immédiats et incidences biographiques d’une crise à Cayenne

Rubis Le Coq ( IRISSO / INRAE), Sara-Angeli Aguiton (CNRS /CAK), Malcolm Ferdinand (CNRS / IRISSO), Marie Mathieu (IRISSO), Chlordécone et résistances populaires aux Antilles : La science comme outils institutionnel de déconflictualisation ?

AGUITON Sara sara.aguiton@ehess.fr

AUSSEDAT Mégane megane.aussedat@outlook.fr

BÉRARD Yann ya2n.berard@gmail.com

CHEVILLOTTE Pauline paulinechvlt@gmail.com

DESCHAMPS Damien damien.deschamps@univ-reunion.fr

FERDINAND Malcolm malcom.ferdinand@gmail.com

FLAUX Félix felixflaux@gmail.com

GOERENS Annne annegoerens@hotmail.com

GUYON Stéphanie stephanie.guyon@u-picardie.fr

LEHUGER Clémentine Clementine.lehuger@laposte.net

MATHIEU Marie marie.juliette.mathieu@gmail.com

MAURICE Edenz edenz.maurice@ihemi.fr

PROVINI Olivier olivier.provini@univ-reunion.fr

VERLIN Jan jan.verlin@sciencespo.fr